Les Journées Nationales d'Action contre l'Illettrisme auront lieu du 8 au 15 septembre 2022. Cette semaine d'engagement pour lutter contre l'illettrisme nous tient particulièrement à cœur, car comme vous le savez, notre équipe PRÉPA Clés se mobilise chaque jour pour accompagner des publics qui rencontrent des difficultés d'écriture, lecture, calculs...
C'est pourquoi cette année, nous nous inscrivons dans ce projet en proposant les 2 évènements suivants :
L'emploi malgré l'illettrisme - Lorient
Des témoignages de stagiaires sur leur possibilité d'entrée en emploi
Rencontre avec un acteur de l'emploi - Quimperlé
Une rencontre avec notre partenaire A2I-Groupe Actual, agence emploi d'insertion le 13 septembre sur notre site de Quimperlé
Derrière cette action, toujours le même message : nous ne vous oublions pas, nous sommes toujours engagés à vos côtés.
L'emploi malgré l'illettrisme : 1 jour / 1 témoignage
JOUR 1
Témoignage d'Olga
Depuis que je sais lire, je me sens mieux dans ma peau au travail et tous les jours dans ma vie. Je me sens rassurée.
"Je suis arrivée en France en 2017. J’ai commencé un travail en restauration collective fin août de cette année après une période de stage. J’ai un contrat CDD. Je découpe les légumes, j’installe les tables et j’aide à la plonge.
Je n’avais jamais travaillé avant. J’avais été à l’école 2 ans dans mon pays d’origine la Côte d’Ivoire. J’ai commencé par venir en formation avec la mission locale. C’était le 20 septembre 2021. J’ai appris ici beaucoup de choses en français et en calcul. Maintenant on me comprend quand je parle, je peux discuter avec mes collègues, je comprends très bien ce que je dois faire et sinon on m’explique bien. Avant on me disait toujours “tu es timide”, en fait c’est parce que je ne savais pas bien parler et je me demandais toujours comment ça allait se passer. Si je n’avais pas fait de français je n’aurais pas pu faire ce travail. Je sais lire un peu et m’exprimer et surtout je comprends beaucoup de choses. Avant quand on me parlait je ne comprenais pas le fond. Maintenant je comprends. Aussi comme j’arrive à lire et je peux compléter le tableau du nettoyage. J’ai appris à lire les tableaux en formation. Et je sais où je dois écrire mon nom, cocher le travail réalisé et à quel moment.
Je vais continuer à venir en formation le jeudi après-midi pour savoir bien bien lire et peut-être qu’un jour à mon travail je pourrai lire les feuilles pour savoir quels légumes et quelles quantités je dois préparer. Pour l’instant on me le dit mais moi je veux le lire."
JOUR 2
Témoignage de Michel
J’ai envie de continuer : depuis que j’apprends à lire je me sens mieux dans ma peau, je suis moins gêné au travail, je peux faire plus de choses différentes tout seul.
"Avant j’étais piroguier en Guyane. J’ai aussi été mécanicien. Mais ici mécanicien c’est pas possible.
Je travaille dans un restaurant collectif depuis presque 1 an. Je fais la plonge. Je peux aussi aider les autres au froid au conditionnement et même parfois en cuisine.
À la plonge je n’ai pas de problème. Mais c’est pour regarder le menu et les jours de la semaine que c’est plus difficile.
Je suis venu ici pour apprendre à lire. Et à écrire aussi. Pour le travail et pour moi aussi. Ça ne fait pas longtemps que j’apprends mais grâce à la formation, petit à petit je comprends, je suis plus à l’aise pour lire les dates et les jours.
Tous les jours avant j’étais obligé de demander à quelqu’un de venir m’aider à lire les jours pour transporter les 4 chariots avec les barquettes d’un endroit à un autre. Maintenant je fais tout seul. Mais c’est plus facile avec certaines écritures.
Si j’ai un doute je vais demander.
Maintenant j’arrive aussi à compléter le tableau du nettoyage : avant je mettais une croix et maintenant j’écris la première lettre de mon prénom.
Je fais du bon travail, je suis rapide et organisé et j’aide autant que je peux. Et l’équipe me rend beaucoup aussi."
JOUR 3
Témoignage de Salomé
C’est positif de venir en formation pour lire et pour parler. Ce qui reste difficile c’est écrire des phrases.
"J’ai travaillé au panier de la Mer. Mon contrat de travail s’est arrêté en juillet. Je nettoyais le poisson et je faisais les filets. Je suis venue en formation pendant mon contrat de travail et je continue à venir.
Pour moi, pour tous les jours faire du français ça m’aide. Avant quand je recevais du courrier je n’y comprenais rien. Cette année pour le dossier de l’école j’ai réussi à remplir 2 feuilles toute seule. Pour le reste j’ai demandé à une amie. J’ai progressé un peu quoi !
Au travail ça m’a aidée pour parler avec mes collègues et la directrice ; au début il y a des phrases que je ne comprenais pas : le français de chez moi la Côte d’Ivoire et le français d’ici c’est différent. Chez moi je ne suis jamais allée à l’école, j’ai appris toute seule, en regardant mes cousins et mes cousines étudier. Ici avec le temps j’ai appris de nouveaux mots ; on a appris les mots du matériel qu’on utilise au travail et les noms des poissons ; on a appris à lire des étiquettes.
Au travail on doit aussi remplir des fiches, ici ça m’aidait à mieux comprendre.
Quand on arrive au travail le matin tout ce qu’on doit faire est écrit au tableau on doit lire et prendre sa place donc c’était plus facile pour moi."
JOUR 4
Témoignage d'Ahmed
C’est important que je continue à apprendre à lire et à écrire pour pouvoir faire le travail même quand le chef n’est pas là.
"J’ai 52 ans, je travaille dans le domaine du magasinage depuis 6 ans ; je suis rentré dans l’entreprise comme chauffeur et aujourd’hui je suis adjoint au chef de quai depuis 4 ans environ.
Quand on m’a proposé de venir faire du français c’était pour améliorer mes connaissances pour être plus à l’aise dans mon travail pour lire et pour écrire. J’ai été encouragé par mes responsables pour me permettre de progresser, ils m’ont donné cette chance. Ils savent que sur le boulot il n’y a pas de problème c’est pour l’écriture que c’est le plus difficile.
Ça ne fait pas longtemps que j’ai commencé mais déjà je vois que ça me sert.
Au travail je communique à l’oral ou par sms ; avec le téléphone c’est plus facile parce qu’il me corrige. J’utilise aussi Google surtout pour les clients ; avec les collègues c’est moins grave. Avec les clients c’est pas pareil. Tous les matins je dois lire les mails ; je prends mon temps et parfois il y a des mots que je ne comprends pas, alors je demande. Il y a les commandes à faire et c’est sur ordinateur ; maintenant je suis plus à l’aise je peux faire certaines parties tout seul. J’ai commencé aussi à sortir les feuilles de l’ordinateur pour les absences ou pour les vacances.
Ici j’apprends à lire et écrire des messages. Avant je n’arrivais pas à écrire, je « disais ». Je ne voulais pas écrire parce que je faisais des fautes et ça me bloquait. Aujourd’hui j’ose écrire même s’il y a des fautes. Je sais mieux écrire les sons. J’ai plus confiance, je suis moins gêné.
Je pensais qu’à cause de mon âge je ne pouvais pas apprendre ; il faut aller, il faut progresser ce n’est pas l’âge qui bloque.
Je suis content de venir et je suis fier. Je sens que je progresse. Au boulot le chef a dit que j’ai progressé. Et aussi ça m’aide pour lire les lettres qui arrivent à la maison.
Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas qu’ils peuvent apprendre à lire et à écrire pour être plus à l’aise dans leur vie à la maison, avec leurs enfants et au travail. Mon idée c’est de pouvoir lire et écrire tout seul et pas toujours être obligé de demander ou de faire lire à tout le monde.
Je m’associe à AGORA [Services] pour témoigner parce que j’apprends beaucoup de choses ici. Il faut venir parce qu’on nous aide beaucoup. Ici on me rend à l’aise, on ne se moque pas, on m’explique toujours."
JOUR 5
Témoignage de Gohar
Depuis que je sais lire, j’ai plus confiance en moi et les collègues le ressentent.
"Je travaille dans un restaurant collectif. Je change de poste régulièrement : je peux être en cuisine pour faire de la mise en barquette; il faut peser les quantités, lire la balance, lire la fiche technique et compter les barquettes. Dès que je suis arrivée en formation j’ai appris à lire les nombres et les grammes. Je peux aussi travailler au froid : je travaille toute seule, j’y arrive. Comme en cuisine je dois lire les fiches et préparer les sauces. Parfois je n’arrive pas à tout lire alors je demande. Mais je lis mieux qu’avant ; avant je demandais tout le temps. J’aide aussi parfois à la plonge et au self.
J’avais déjà fait un parcours en formation mais je ne pouvais plus venir à cause de beaucoup de remplacements. Maintenant j’ai un CDI.
Je suis revenue en formation parce que maintenant la formation c’est possible : j’ai un emploi du temps fixe. Je veux continuer à apprendre à lire et à écrire pour être encore plus à l’aise. Je ne veux plus demander. Avant on me disait tout à l’oral maintenant je lis seule. Ce que j’aime le plus travailler en formation c’est apprendre le nom des aliments, les légumes, les fruits ….parce que au travail je dois lire ces mots-là. J’apprends aussi à écrire le menu sur le tableau. Et quand j’irai au resto en famille je saurai lire le menu.
Au travail ma responsable dit que j’ai fait des progrès, que je suis plus à l’aise. Mes collègues aussi me disent que c’est beaucoup mieux. Quand j’ai commencé je devais demander tout le temps et ça me gênait et l’équipe devait toujours m’expliquer.
Je suis soulagée.
Au début quand je cherchais de travail je pensais que jamais j’aurais trouvé parce qu’ils disaient elle ne sait pas lire pas écrire et pas parler beaucoup. Aujourd’hui je parle beaucoup mieux je comprends tout et les collègues me comprennent aussi. En formation j’apprends toujours des mots nouveaux. Je veux réussir parce que mes collègues m’ont toujours soutenue."
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